27 juin 2024 à 00:00
Environ 3 000 participants et plus de 16 tonnes de déchets collectés. Le « BeachCleanup » (nettoyage de plage) de Toamasina, organisé le 8 juin 2024 à l’occasion de la Journée mondiale des Océans, a mobilisé citoyens, autorités locales, société civile et secteur privé autour d’une cause commune : lutter contre la pollution marine. Découvrez pourquoi cet engagement est crucial pour l’environnement, les communautés locales et l'avenir des écosystèmes.

Chaque année, le BeachCleanup est organisé par l’Union européenne et ses partenaires pour sensibiliser sur la pollution marine.

L'objectif immédiat du BeachCleanup est de débarrasser les plages des déchets plastiques. Lors de cette journée à Toamasina, les volontaires ont collecté près de trois tonnes de plastiques : emballages, pailles, bouteilles d'eau, sachets, filets de pêche et contenants cosmétiques. À cela s'ajoutent 13 tonnes d'autres matières telles que le bois, les déchets organiques, les restes de coco, les vêtements usés et les bouteilles en verre.

Selon le WWF, les plastiques représentent 85% des déchets marins. Une fois dispersés dans les eaux marines, les fragments de plastique se retrouvent dans le système digestif des poissons. Cette pollution affecte aussi les écosystèmes tels que les récifs coralliens et les mangroves. Cette situation pourrait s’aggraver encore si les habitudes de consommation ne changent pas.

« La pollution plastique nous concerne tous puisque les poissons ingèrent les plastiques. Lorsqu’on consomme du poisson, on ingère également du plastique sous forme de « micro-plastique ». Ce n'est bon ni pour la santé, ni pour la planète, explique Olivier Machiels, chargé de programmes à la Délégation de l'Union européenne à Madagascar. « Un septième continent a vu le jour sur la planète, formé uniquement de déchets plastiques. Il y a des surfaces qui sont immenses, qui sont pleines de plastique, il faut vraiment traiter le problème localement et globalement ; l’Union européenne y contribue, notamment par ce type d’action citoyenne, volontaire et bénévole ».

Préserver les activités des petits pêcheurs…

Parmi les partenaires de cette journée : les associations des petits pêcheurs. Leur activité est impactée par la pollution marine, due à l’accumulation des déchets dans les zones de pêche. Botovao Abraham, président de la plateforme des petits pêcheurs du District Toamasina 1, explique que cette situation n’est pas seulement due aux déchets urbains : « De nombreuses usines déversent leurs déchets dans les canaux de drainage, qui se déversent ensuite dans la mer. Nous pêchons sur les rives, et les poissons fuient cette zone quand les déchets s’accumulent. Nous devons donc aller plus loin pour chercher les zones de concentration, mais nous manquons de matériels comme les barques à moteur, nous naviguons seulement avec les pirogues. Donc, nous faisons face à de graves difficultés quand il y a des tempêtes ».

Malgré cette situation, les associations des petits pêcheurs, fortes de plus de 1 000 membres, s’activent chaque année avec leurs moyens pour nettoyer les rives du côté de leurs zones d’embarquement, surtout durant les saisons cycloniques.

Un engagement citoyen 

Les universités, les écoliers, les jeunes membres de diverses associations et notamment près de 400 scouts ont également prêté mains fortes durant le nettoyage. Le BeachCleanup a ravivé leur prise de conscience concernant la protection de l’environnement marin, assure Florin, responsable en communication du mouvement scout dans la Région Atsinanana : « Les jeunes doivent assumer leurs responsabilités. Au niveau de notre communauté, nous invitons déjà les enfants et les jeunes au recyclage du plastique à travers des ateliers, en produisant après des bacs à ordures qu’on voudrait installer au niveau des églises. Ce type d’initiative nous permet de concrétiser notre engagement envers le pays. ». Selon lui, ce genre d’initiative devrait se faire à plus grande échelle et s’appliquer dans d’autres zones de la ville de Toamasina.

La préservation de l’environnement marin est vitale pour d’autres filières. La présidente de l’Association Diversity, Ornella Assimini, souligne l'importance de valoriser la richesse naturelle de Madagascar : « La principale richesse de notre île, c’est d’être bordée par les océans. Il est crucial de conserver la biodiversité. Des plages propres attireront davantage de touristes ». La journée est symbolique, mais elle contribue à  la sensibilisation des citoyens. « C'est la goutte d'eau dont on a besoin pour le changement » conclut-elle.

L’appui à la gestion de l’eau et de l’assainissement dans la commune urbaine de Toamasina est un programme prioritaire de l’Union européenne. Le 8 juin, l’Ambassadrice de l’Union européenne, Isabelle Delattre, a annoncé la préparation d’un programme de 25 millions d'euros dédié à la gestion de l'eau, incluant l'évacuation des eaux pluviales à Toamasina. Un autre programme de 35 millions d'euros sur la biodiversité, notamment les aires protégées, est en projet pour améliorer la gestion durable des ressources naturelles à Madagascar.

« Et après » ?

Certes cette action de nettoyage des plages est ponctuelle et a un caractère assez symbolique. Néanmoins, le nombre de participants lors du BeachCleanup du 8 juin dernier montre qu’au-delà du symbole, il y a un réel souhait des citoyens malgaches d’être actifs sur les questions environnementales : la mobilisation a été impressionnante !

Plusieurs associations souhaitent que de telles actions soient menées plus fréquemment. Mais le vrai remède, c’est de repenser notre consommation, et dans certains cas légiférer pour favoriser l’adoption d’alternatives au plastique dans la consommation courante. Par exemple, il ne s’agit pas seulement de mettre à disposition des poubelles jeter les pailles en plastiques usagées, mais d’adopter des alternatives (en bambou ou en carton) qui existent et sont à notre portée !