22 septembre 2023 à 00:00
300 espèces évaluées, une centaine de plantes précieuses découvertes: voici les résultats des travaux de terrain et de laboratoire, effectuées par les chercheurs du projet G3D dans les 23 régions du pays.

Identifier les différentes espèces de bois précieux à Madagascar, dans le but de les conserver et de les développer dans des sites de plantations. C’est l’essence du projet "Gestion durable des bois précieux Dalbergia (palissandre et bois de rose) et Diospyros (bois d’ébène) de Madagascar" (G3D), initié depuis 2018 et terminé en septembre 2023.

Appui à la recherche scientifique

La prolifération du commerce des bois précieux malgaches depuis 2009 a menacé l’extinction de ces espèces dans la Grande Ile. A partir de ce moment, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (la CITES) a interdit toute forme de commercialisation de ces bois précieux. En 2013, des mesures ont été appliquées pour une bonne gestion des ressources. « Il s’agit de l’identification scientifique des espèces, l’application de la loi et le travail sur le stockage des bois. Parce qu’avant de commercialiser ou conserver les bois, il faut identifier ces espèces. Lesquels sont précieux ? Lesquels sont à protéger ?» pointe Robsomanitrandrasana Eric José, point focal CITES à Madagascar.

Le projet G3D s’inscrit ainsi dans l’identification scientifique. Il a été mené par la Mention Biologie et Ecologie Végétale de la Faculté des Sciences et le Département des eaux et forêts de l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques (ESSA FORETS) de l’Université d’Antananarivo ainsi que l’ONG Missouri Botanical Garden (MBG). Le projet était financé par l’Union européenne dans le cadre du programme "RINDRA".

Quatre laboratoires ont été mis en place et appliquent chacun leurs techniques : taxonomie pour identifier les caractéristiques physiques des plantes (fleurs, feuilles, taille...), technique moléculaire permettant d'analyser l’ADN des plantes (car les apparences des plantes peuvent être similaires), anatomie pour identifier les caractéristiques ou structures internes des cellules et enfin spectroscopie proche infra-rouge (SPIR) qui analyse la lumière réfléchie par le bois en lien avec ses composants chimiques. Les techniciens du projet ont fait des visites sur terrain dans une centaine de sites à Madagascar pour les appliquer. Les nouvelles technologies sont au centre de leur travail à travers l’utilisation d’équipements de recherche de pointe.

Le 5ème volet du projet concernait la conservation des ressources génétiques de ces espèces précieuses car "après l’identification de ces espèces, la question de la conservation est très importante. Il faut penser à développer des plantes et pas seulement se contenter des activités d’exploitation des arbres dans les forêts. L’objectif est de permettre à ceux qui travaillent dans ce milieu de développer leurs activités économiques tout en conservant les espèces. Penser à la génération future en plantant des bois précieux. Le volet conservation identifie donc les espèces à protéger, les espèces menacées, à planter et à commercialiser. Quels genres de programme créer pour leur conservation ? Il s’agit ici de conserver les graines et les plantes afin de pouvoir les multiplier", détaille le Docteur Ramarosandratana Aro vonjy, responsable du volet conservation du projet G3D. Elaborer un guide d’identification pour les régions bénéficiaires fait partie des étapes de cette recherche. L’objectif est de diffuser des méthodes scientifiques fiables et faciles à utiliser.

La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) ou Convention de Washington, est un accord international entre plusieurs Etats entré en vigueur en 1975. L’objectif est de veiller à ce que le commerce international des animaux et des plantes sauvages ne menace pas les espèces. Madagascar fait partie des 184 pays membres de la convention CITES.