Afin de sensibiliser et renforcer les capacités des entreprises et des organismes à s’adapter à cette nouvelle mesure, une formation en ligne (MOOC) est organisée par l'Organisation Internationale du Travail du 30 septembre au 13 octobre 2024, co-financé par l’Union européenne. La formation se focalise sur le devoir de vigilance en ce qui concerne les Droits humains et le travail décent. Elle est ouverte à tous ceux qui souhaitent approfondir le sujet, notamment les entreprises, les agents de l’Etat, les associations et les représentants de la Société civile.
Pourquoi adopter un comportement responsable ?
Cette réglementation veille à une meilleure protection des travailleurs et rétablit la relation de confiance entre les entreprises et les communautés locales où elles opèrent. Pour les entreprises, elle offre l'opportunité de renforcer la confiance des clients, mobiliser davantage les employés, et accéder plus facilement à des financements et des soutiens. En effet, investir dans un cadre sécurisé et une concurrence équitable permet de mieux gérer les risques tout en favorisant l’innovation.
Cette démarche rejoint celle de Madagascar : en juillet 2024, le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD) a mis au point la Stratégie Nationale de Responsabilité Sociale des Entreprises (SNRSE). Des sessions d’informations et des consultations ont eu lieu dans les six provinces pour recueillir les avis de tous les acteurs concernés. La Stratégie a reçu jusqu’ici l’adhésion de 83,3% des entreprises consultées.
Entre réalité et efforts déployés
A Madagascar, le non-respect des Droits humains dans le monde du travail est une réalité dans plusieurs secteurs. Les bas salaires et les situations de harcèlement au travail demeurent des préoccupations constantes, notamment dans les usines textiles, selon l’étude menée en 2022 par le programme Better Work en partenariat avec l'Organisation internationale du Travail. Cette étude sur « les contraintes et les opportunités des femmes dans le secteur textile » révèle aussi des irrégularités dans les contrats tels que les embauches non déclarées et les heures supplémentaires non rétribuées, souvent source de conflits. L’informalité et le manque de protection sociale sont courants chez les prestataires tels que les artisans, les producteurs et les cueilleurs de coton et de raphia. Selon l’étude de l’OIT en 2022, les travailleurs malgaches perçoivent le deuxième salaire mensuel le plus bas du secteur mondial de l’habillement, même lorsqu’ils travaillent dans des unités formelles comme les usines de zone franche. Des questions telles que l’autonomisation des femmes, l’inégalité salariale, le chômage des jeunes et la discrimination au travail doivent également être abordées.
Cependant, depuis quelques années, certaines entreprises malgaches se démarquent par leurs efforts en matière de respect du devoir de vigilance. La 2ème édition du prix RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) en 2023 a récompensé 11 entreprises lauréates qui investissent dans divers secteurs : environnement, textile et habillement, agriculture, logistique, agroalimentaire, télécommunication, tourisme solidaire etc... Elles ont présenté chacune leurs initiatives visant à améliorer les conditions de vie des travailleurs et de leurs familles, mettre en place des achats responsables, développer les compétences numériques des femmes et des jeunes, ou encore parrainer des villages. Par exemple, la société Axelle, active dans le secteur textile, soutient l'éducation et l'employabilité. Elle a créé en 2022 l’Ecole des savoirs, qui forme aux métiers d’art et artisanaux des personnes souvent éloignées du système scolaire. 90% des sortants de cette structure sont ensuite recrutés au sein de l’entreprise.
Quels seront les premiers pas de cette démarche ?
Pour garantir le respect de ces normes, les entreprises européennes vont devoir mener des enquêtes approfondies sur leurs fournisseurs, y compris les entreprises malgaches. Cette étape est cruciale car les entreprises européennes pourront être tenues responsables des violations des Droits humains et de l'environnement commises dans leur chaîne d'approvisionnement.
Du côté des entreprises malgaches, il est essentiel qu'elles commencent à identifier les différentes réalités liées aux Droits humains et à l'environnement dans leurs activités. Ensuite, elles peuvent élaborer des stratégies spécifiques pour prévenir et remédier aux difficultés. De plus, former les employés et informer les clients permet d’avancer vers la responsabilisation. Elles peuvent également développer des partenariats avec les communautés locales, les ONG et les autres parties prenantes pour recueillir leurs avis.
La prise en compte de ces règles permettra aux entreprises malgaches non seulement de maintenir la collaboration avec les entreprises européennes mais aussi de contribuer à un avenir plus juste et équitable pour tous, sans que cela entraîne nécessairement des surcoûts.
La formation comprend six webinaires (en anglais, traduits en français et en espagnol), des forums de discussion, et des certificats pour les participants. Les modules resteront disponibles pour une autoformation, au-delà des dates de sessions en ligne, annoncées.
Pour plus d’informations : Human Rights Due Diligence for Decent Work | ITCILO